Agressions verbales et physiques à l'endroit d'enseignants et d'étudiants, actes de vandalisme tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), propos diffamatoires à l'encontre des membres du rectorat et du décanat et des étudiants sont, entre autres, les faits reprochés à 45 étudiants dont 10 ont été écartés définitivement de cette institution. Voulant reprendre le contrôle de la situation, le décanat avait même accordé un ultimatum expirant à 14 heures ce mercredi aux occupants de la FMP pour vider les locaux de la faculté.
Plusieurs dizaines de policiers venus de quatre unités de la police nationale et une foule de journalistes montent la garde devant la barrière principale de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP). Les curieux sont tenus à distance derrière des périmètres de sécurité bien gardés par les agents de l'ordre. Le calme règne dans l'environnement de cette entité de l'Université d'Etat d'Haïti en effervescence depuis près de cinq mois. Il est 12 heures. On attend 14 heures, l'heure donnée aux étudiants pour vider les locaux de la faculté sous peine de leur arrestation.
Ayant occupé, depuis lundi, les locaux de la Faculté de Médecine et de Pharmacie et de l'Ecole de Technologie médicale, les étudiants qui n'arrêtaient pas de contester l'autorité du décanat ont été sommés de vider les lieux. Un ultimatum du décanat de la FMP habilitait les autorités policières à procéder à la désoccupation de la FMP.
Des journalistes commentent les faits. Des médecins journalistes se mêlent de la partie. Ils semblent maîtriser cette crise. Mais laissent entrevoir des lueurs de subjectivité.
Il est 13 heures 56 quand les dix étudiants occupant cet espace se lèvent de leur siège et, contre toute attente, s'allongent en étoile, les mains croisés derrière le dos, au seuil de la barrière principale de la faculté. Ils entonnent en choeur trois couplets de La Dessalinienne.
Hésitation
Les policiers qu'on attendait à l'action se heurtent à l'inoffensivité des étudiants couchés à plat à même le sol avec, autour de leur tête, le drapeau haïtien, et deux livres à la main: La vocation de l'élite de Jean Price Mars et Les droits de l'Homme et du Citoyen. Ils fredonnent l'hymne de la faculté tout en répétant des phrases guerrières. Hasta la victoria siempre, la mort signifiera pour nous que l'UEH peut être sauvée de ses ennemis, qu'Haïti peut revivre...
La police commence à flancher. Ses deux porte-parole présents sur les lieux ont du pain sur la planche, mais ne trouvent pas, cette fois, de mots pour s'adresser aux journalistes en dépit de l'insistance de ces derniers. « Nous sommes en pleine opération, dit le commissaire Frantz Lerebours. On ne peut faire aucune déclaration pour le moment. »
Les minutes s'égrènent. Il est plus que 14 heures, mais on ne fait que constater les va-et-vient des policiers pris entre la fougue des journalistes et le calme des étudiants. Des pierres sont lancées en direction des policiers par des jeunes, tenus loin jusque-là.
Tout se fait désormais avec hésitation. Les va-et-vient s'amplifient. Des agents de la police administrative, du Corps d'intervention et de maintien de l'ordre (CIMO), du Swatt et de la Brigade d'intervention motorisée (BIM) semblent être dépassés par les événements.
14 heures 35, accompagné de son greffier, Franck David, le juge de paix de la section sud, Gabriel Amboise, débarque dans un blindé de la police. Le juge semble ne pas savoir trop ce qui l'amène sur les lieux.
Il tente de pénétrer plusieurs fois dans la cour de la FMP. Mais se heurte aux questions des journalistes qui semblent lui servir de prétexte pour prendre un peu de temps comme pour maîtriser un peu la situation.
Improvisation
Tout le monde improvise. « Il faut attendre la fin des opérations pour interroger le juge, recommande Frantz Lerebours. Car il ressort de votre sécurité. »
14 heures 49. Le juge ordonne au greffier David de rédiger le procès-verbal. Un appel intempestif dérange le magistrat qui souffle : « Je suis extrêmement pris, pour l'instant. Veuillez m'appeler dans une heure. »
« A quoi peut-on s'attendre M. le juge ? questionne un journaliste. « Moi, je ne fais qu'attendre », lâche-t-il. « Qu'est ce que vous attendez ? Quant à nous, c'est vous que nous attendons. » « Je vous dis que j'attends, lance M. Amboise, d'un ton cassant. Je ne sais pas qui j'attends. »
Un effet domino qui met tout le monde dans l'inconfort. 15 heures 04. Le téléphone du magistrat sonne. Cette fois, Gabriel Amboise s'écarte de la foule et rentre dans le blindé pour dialoguer avec son interlocuteur. On attend à cette étape la fin de cet épisode.
15 heures 12. Les étudiants annoncent une grève de faim illimitée en attendant leur mort. « Nous attendons en vain depuis plus d'une heure notre ultime sort, se lamente Sterly Manigat, un étudiant en 2e année de médecine. Cette grève de faim lancée constitue une autre stratégie pour aboutir à la victoire finale. »
Orientés ailleurs
15 heures 30, un groupe de 12 autres étudiants viennent « innocemment » s'allonger aux côtés de leurs camarades. 10 minutes plus tard, les agents du SWATT investissent les locaux de la faculté pour être suivis par ceux du CIMO qui viennent transporter les étudiants, comme des infirmes, jusque dans les véhicules disposés à cet effet.
La fin s'annonce. « Nous avons fait évacuer les étudiants des locaux de la FMP sans les arrêter », précise le juge Gabriel Amboise.
Les locaux de la Faculté de Médecine et de Pharmacie et de l'Ecole de Technologie médicale sont encore une fois libérés de ses occupants conduits au commissariat de Port-au-Prince pour être libérés moins de deux heures après. Les porte-parole de la PNH recouvrent leur facilité de communication. Frantz Lerebours affirme que l'institution policière a élargi les étudiants qui ont désormais un dossier au niveau de la police haïtienne. 18 d'entre eux refusent de partir du commissariat conditionnant leur sortie à l'intervention du recteur de l'UEH, Jean Vernet Henry.
Les 22 étudiants contestataires qui espéraient poursuivre leur grève de faim soit à l'intérieur de leur faculté, soit en garde à vue ou encore derrière les barreaux de la prison sont orientés ailleurs. Seuls ces derniers peuvent savoir où continuer leur grève et comment poursuivre ce mouvement qui dure déjà trop.
Liste des 10 étudiants écartés définitivement de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP):
Azar Pouchon
Bénêche Martial
Bontemps Jean Blaise
Charles Ilendieu
Datus Francito
Fils-Aimé Valéry
Jean-Baptiste Yves Cheny
Jean-Baptiste Weedmack
Joseph Pierre François Berthony Jacques
Manigat Sterly
Source: Le Nouvelliste
Plusieurs dizaines de policiers venus de quatre unités de la police nationale et une foule de journalistes montent la garde devant la barrière principale de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP). Les curieux sont tenus à distance derrière des périmètres de sécurité bien gardés par les agents de l'ordre. Le calme règne dans l'environnement de cette entité de l'Université d'Etat d'Haïti en effervescence depuis près de cinq mois. Il est 12 heures. On attend 14 heures, l'heure donnée aux étudiants pour vider les locaux de la faculté sous peine de leur arrestation.
Ayant occupé, depuis lundi, les locaux de la Faculté de Médecine et de Pharmacie et de l'Ecole de Technologie médicale, les étudiants qui n'arrêtaient pas de contester l'autorité du décanat ont été sommés de vider les lieux. Un ultimatum du décanat de la FMP habilitait les autorités policières à procéder à la désoccupation de la FMP.
Des journalistes commentent les faits. Des médecins journalistes se mêlent de la partie. Ils semblent maîtriser cette crise. Mais laissent entrevoir des lueurs de subjectivité.
Il est 13 heures 56 quand les dix étudiants occupant cet espace se lèvent de leur siège et, contre toute attente, s'allongent en étoile, les mains croisés derrière le dos, au seuil de la barrière principale de la faculté. Ils entonnent en choeur trois couplets de La Dessalinienne.
Hésitation
Les policiers qu'on attendait à l'action se heurtent à l'inoffensivité des étudiants couchés à plat à même le sol avec, autour de leur tête, le drapeau haïtien, et deux livres à la main: La vocation de l'élite de Jean Price Mars et Les droits de l'Homme et du Citoyen. Ils fredonnent l'hymne de la faculté tout en répétant des phrases guerrières. Hasta la victoria siempre, la mort signifiera pour nous que l'UEH peut être sauvée de ses ennemis, qu'Haïti peut revivre...
La police commence à flancher. Ses deux porte-parole présents sur les lieux ont du pain sur la planche, mais ne trouvent pas, cette fois, de mots pour s'adresser aux journalistes en dépit de l'insistance de ces derniers. « Nous sommes en pleine opération, dit le commissaire Frantz Lerebours. On ne peut faire aucune déclaration pour le moment. »
Les minutes s'égrènent. Il est plus que 14 heures, mais on ne fait que constater les va-et-vient des policiers pris entre la fougue des journalistes et le calme des étudiants. Des pierres sont lancées en direction des policiers par des jeunes, tenus loin jusque-là.
Tout se fait désormais avec hésitation. Les va-et-vient s'amplifient. Des agents de la police administrative, du Corps d'intervention et de maintien de l'ordre (CIMO), du Swatt et de la Brigade d'intervention motorisée (BIM) semblent être dépassés par les événements.
14 heures 35, accompagné de son greffier, Franck David, le juge de paix de la section sud, Gabriel Amboise, débarque dans un blindé de la police. Le juge semble ne pas savoir trop ce qui l'amène sur les lieux.
Il tente de pénétrer plusieurs fois dans la cour de la FMP. Mais se heurte aux questions des journalistes qui semblent lui servir de prétexte pour prendre un peu de temps comme pour maîtriser un peu la situation.
Improvisation
Tout le monde improvise. « Il faut attendre la fin des opérations pour interroger le juge, recommande Frantz Lerebours. Car il ressort de votre sécurité. »
14 heures 49. Le juge ordonne au greffier David de rédiger le procès-verbal. Un appel intempestif dérange le magistrat qui souffle : « Je suis extrêmement pris, pour l'instant. Veuillez m'appeler dans une heure. »
« A quoi peut-on s'attendre M. le juge ? questionne un journaliste. « Moi, je ne fais qu'attendre », lâche-t-il. « Qu'est ce que vous attendez ? Quant à nous, c'est vous que nous attendons. » « Je vous dis que j'attends, lance M. Amboise, d'un ton cassant. Je ne sais pas qui j'attends. »
Un effet domino qui met tout le monde dans l'inconfort. 15 heures 04. Le téléphone du magistrat sonne. Cette fois, Gabriel Amboise s'écarte de la foule et rentre dans le blindé pour dialoguer avec son interlocuteur. On attend à cette étape la fin de cet épisode.
15 heures 12. Les étudiants annoncent une grève de faim illimitée en attendant leur mort. « Nous attendons en vain depuis plus d'une heure notre ultime sort, se lamente Sterly Manigat, un étudiant en 2e année de médecine. Cette grève de faim lancée constitue une autre stratégie pour aboutir à la victoire finale. »
Orientés ailleurs
15 heures 30, un groupe de 12 autres étudiants viennent « innocemment » s'allonger aux côtés de leurs camarades. 10 minutes plus tard, les agents du SWATT investissent les locaux de la faculté pour être suivis par ceux du CIMO qui viennent transporter les étudiants, comme des infirmes, jusque dans les véhicules disposés à cet effet.
La fin s'annonce. « Nous avons fait évacuer les étudiants des locaux de la FMP sans les arrêter », précise le juge Gabriel Amboise.
Les locaux de la Faculté de Médecine et de Pharmacie et de l'Ecole de Technologie médicale sont encore une fois libérés de ses occupants conduits au commissariat de Port-au-Prince pour être libérés moins de deux heures après. Les porte-parole de la PNH recouvrent leur facilité de communication. Frantz Lerebours affirme que l'institution policière a élargi les étudiants qui ont désormais un dossier au niveau de la police haïtienne. 18 d'entre eux refusent de partir du commissariat conditionnant leur sortie à l'intervention du recteur de l'UEH, Jean Vernet Henry.
Les 22 étudiants contestataires qui espéraient poursuivre leur grève de faim soit à l'intérieur de leur faculté, soit en garde à vue ou encore derrière les barreaux de la prison sont orientés ailleurs. Seuls ces derniers peuvent savoir où continuer leur grève et comment poursuivre ce mouvement qui dure déjà trop.
Liste des 10 étudiants écartés définitivement de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP):
Azar Pouchon
Bénêche Martial
Bontemps Jean Blaise
Charles Ilendieu
Datus Francito
Fils-Aimé Valéry
Jean-Baptiste Yves Cheny
Jean-Baptiste Weedmack
Joseph Pierre François Berthony Jacques
Manigat Sterly
Source: Le Nouvelliste
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